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  • Aure-Elise Laforgue

JE MARCHE LE 23

Samedi 23 Novembre 2019.

Aujourd'hui, je me suis rendue à une marche féministe contre les violences faites aux femmes. Pourquoi ?, me demanderez-vous. Je n'ai jamais été battue ou violée, aucune des femmes de ma famille n'a été battue. Alors pourquoi cela me concernerait-il ?


Le fait est que je suis une femme.

Et, en tant que femme, je n'ai pas le droit de parler fort, de parler trop. Je n'ai pas le droit d'avoir des opinions, des convictions. Je n'ai pas le droit d'avoir une vie sexuelle épanouie, et encore moins d'éprouver du plaisir. Je n'ai pas le droit d'enchaîner les histoires d'amour, et je n'ai pas le droit d'être célibataire. Je n'ai pas le droit d'être définie par moi-même. Je suis la fille d'un homme, la soeur d'un homme, la femme d'un homme, l'employée d'un homme, l'étudiante d'un homme. Et de ce fait, je n'ai pas le droit de réussir par moi-même. Autrement, c'est que j'aurais dû coucher avec un homme pour en arriver là. Je n'ai pas le droit de m'habiller comme je le souhaite. Trop court, trop coloré, et je serai une prostituée qui mérite d'être violée. Trop long, trop sobre, et je serai une frigide qui mérite d'être violée. Et si un jour je suis victime d'une agression, c'est que je l'aurais cherché. Ce ne sera pas la faute de mon violeur, non. On sait tous comment sont les hommes, après tout. Je serai en tort parce que je n'aurais pas été assez prudente.



Puis un jour, on me parlera d'horloge biologique. De mon envie de faire des enfants, de mes désirs, de mes devoirs. Si je n'en ai pas, on me culpabilisera. On me dira que je ne suis pas une vraie femme, que je ne suis pas complète et accomplie. Si je n'en veux pas, ou que je mets un terme à une grossesse non désirée, on me culpabilisera. On me parlera de ces femmes tristes et stériles qui aimeraient avoir ma chance. Et de ces foetus assassinés impunément. Si j'en ai, on me culpabilisera aussi. On me parlera d'allaitement, de congé maternité, de ce que je dois faire pour être une bonne mère. Et ce sera pire si je souhaite garder ma carrière.



Et puis je vieillirai. Alors que je n'en ai pas le droit.

On me proposera des crèmes anti-âge et des opérations de chirurgie esthétique. On me fera peur en me disant que si je ne le fais pas, mon mari me quittera pour une version de moi plus jeune. On me dira aussi de me teindre les cheveux, de retrouver vingt ans.

Cachez ces cheveux blancs que je ne saurais voir, voyons.


Petite, on me rendra honteuse de mon insouciance. Puis de mes règles. Puis de ma sexualité. Puis de ma ménopause. Puis de ma sexualité, de nouveau. Sexualité que l'on m'aura attribuée depuis mon plus jeune âge, par ailleurs, et ce bien avant ma puberté.



Je suis femme et toute ma vie, de ma naissance à ma mort, on me jugera en fonction du comportement des hommes, et ce, quoi que je fasse. Tout ça parce qu'à la grande Loterie de l'Univers, j'ai perdu lorsque l'on m'a attribué un appareil génital femelle.

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